Au XVIIIè siècle, la population du bas-Maine (qui constitue les deux tiers du département de la Mayenne depuis sa création en janvier 1790) est en très grande majorité agricole. Les nombreux closiers, paysans exploitant une petite surface de terre, sont souvent obligés d'exercer un second métier, tel sabotier ou couvreur, pour nourrir leur famille. Les métayers, quant à eux, possèdent des exploitations suffisamment grandes (quelques dizaines d'hectares) pour subvenir à leurs besoins quotidiens par le travail des champs.
Par sa proximité avec la Bretagne, le bas-Maine a vu sa population s'adonner à une intense contrebande du sel, appelée le faux-saunage. En effet, la Bretagne, lorsqu'elle a rejoint le royaume de France au XVIè siècle, a exigé le maintien de ses privilèges et coutumes. La Bretagne était donc exemptée de l'impôt sur le sel, appelé la gabelle, alors que la population du bas-Maine devait s'acquitter d'un impôt très lourd sur le sel, qui devenait ainsi 30 fois plus cher que chez les voisins bretons. De plus, étant un pays de "grande gabelle", les Mayennais étaient obligés d'acheter une quantité minimale de sel : c'est le "sel de devoir pour le pot et la salière". L'impôt sur le sel, originellement impôt indirect, devient donc, de fait, un impôt direct, que les fermiers généraux recouvrent, via les gabelous (contrôleurs) qu'ils dirigent.
Malgré les peines encourues, nombre de personnes faisaient des allers-retours en Bretagne, souvent de nuit, pour acheter le sel à faible prix. Les chiens étaient dressés pour revenir chez leur maître avec un sac de sel autour du cou. Les heurts entre les gabelous et les Mayennais étaient très fréquents. Les dénonciations entre habitants provoquaient également des règlements de compte (bagarres). Les tensions étaient donc très élevées dans cette région où les habitants étaient accablés d'impôts.
Ainsi, lorsque la Révolution a éclaté, les habitants de cette région étaient favorables au changement : l'abolition des privilèges (4 août 1789) a donné l'espoir d'une forte baisse d'impôts. Or, entre 1791 et 1793, les impôts ont plus que doublés. Les finances du royaume étaient très malsaines : les nombreuses réformes envisagées par Louis XVI et ses ministres des finances successifs (Calonne, Necker, principalement) ont été bloquées par la résistance des privilégiés. Avec l'éclatement de la Révolution, les finances ne se sont pas arrangées. C'est alors que Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord eut l'idée de confisquer les biens du clergé pour faire rentrer de l'argent dans les caisses. Pour ce dernier, le clergé n'était pas réellement propriétaire de ses biens, mais seulement administrateurs. Le 2 novembre 1789, le décret portant nationalisation des biens du clergé est voté. En mai 1790, un décret autorise la vente des biens nationaux (biens du clergé, domaines de la Couronne, puis, plus tard, biens de différentes congrégations et confréries, sauf celle des francs-maçons) par l'intermédiaire des assignats. Pour favoriser leur vente, les biens sont souvent morcelés.
L'achat des biens nationaux par les personnes aisées n'est pas apprécié par les paysans modestes. Il s'agit là d'une fracture entre les populations de l'ouest et la Révolution. Mais une autre décision va heurter la population de cette région : le 12 juillet 1790, l'Assemblée Constituante vote la Constitution Civile du Clergé, signé, à contre cœur, par le roi Louis XVI. Les prêtres, considérés dès lors comme fonctionnaires, sont obligés de prêter serment à la Constitution. La majorité du clergé de l'ouest de la France, soutenu par leurs paroissiens, refusent de prêter serment : ce sont les prêtres considérés comme réfractaires. La mise en application de cette Constitution Civile du Clergé en juillet 1791, provoque une importante résistance parmi la population. En novembre 1791, l'Assemblée législative interdit aux membres du Clergé réfractaire de donner des messes. Un peu plus tard, le 27 mai 1792, toujours dans le but d'imposer ses volontés, l'Assemblée prévoit la déportation des prêtres réfractaires, si celle-ci est demandée par au moins vingt citoyens actifs d'un canton. Le 10 août 1792 a lieu la prise du Palais des Tuileries. Trois jours plus tard, le roi et sa famille sont enfermés dans la prison du Temple. Le 18 août de cette même année, l'Assemblée Nationale législative supprime les congrégations séculières, c'est-à-dire ne faisant pas de vœux monastiques solennels : ces congrégations tenaient un rôle important dans la société, notamment par l'enseignement qu'elles fournissaient. Les congrégations hospitalières sont également interdites. Les prêtres sont obligés de se cacher, sous la protection d'une bonne partie de la population de l'Ouest, pour ne pas être déportés par les patriotes.
Prenons l'exemple de M. Louis-Pierre Launay, curé de Ruillé-le-Gravelais en Mayenne. M. Launay jouissait d'une grande reconnaissance dans sa paroisse (il donna des conseils pour améliorer les rendements agricoles. De plus, durant plusieurs années, il a écrit ses observations sur la vie du canton, sur l'état des récoltes, etc.). En mars 1792, des patriotes de Loiron (actuel chef-lieu du canton de Ruillé-le-Gravelais) l'arrêtèrent et le conduisirent devant le juge de paix, au motif d'avoir parlé contre la Révolution. Ce juge voulait emmener le curé Launay à Laval mais, comme celui-ci était accompagné d'une foule d'habitants de Ruillé le défendant, le juge décida de le remettre en liberté. Cependant, quinze jours plus tard, il est de nouveau arrêté, puis conduit à Laval avant d'être déporté, comme nombre de ses confrères, en Espagne. C'est ainsi que Louis-Pierre Launay, né en 1735 à Loué-en-Champagne, est mort dans un couvent de Madrid en 1796, loin de ses paroissiens qui l'aimaient tant.
A Saint-Ouën-des-Toits, le prêtre intrus (imposé par la république) est en permanence maltraité par les paroissiens, si bien que les autorités de la Mayenne doivent intervenir.
Comme l'illustrent ces exemples, de nombreuses tensions sont nées des suites du mauvais traitement que l'Assemblée nationale a imposé au clergé fidèle au Saint-Siège, soutenu par la population.
La loi votée le 4 août 1789 met fin aux lois et coutumes de Bretagne, considérées comme privilèges. Pour défendre les intérêts de la Bretagne, le marquis Armand Tuffin de la Rouërie (né à Fougères et héros de la guerre d'indépendance des Etats-Unis) crée l'Association bretonne. Avec la tournure que prennent les évènements, l'Association se militarise et devient effectivement contre-révolutionnaire. Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre à l'Autriche, rejointe par la Prusse. A cette date, La Rouërie a réuni une armée de près de 10 000 personnes pour combattre les révolutionnaires. Le 27 mai 1792, la Rouërie rassemblent plusieurs dizaines de personnes en son château de Saint-Oüen-la-Rouërie. Ce rassemblement est remarqué par les révolutionnaires, qui y voient là un complot en préparation. Le général de Chevigné ordonne la perquisition du château, qui a lieu le 31 mai. C'est ainsi que le marquis de la Rouërie se réfugie pendant 3 mois au château de Launay-Villiers, en Mayenne, tout près de la commune de Saint-Ouën-des-Toits. Il y rencontre des paysans, parmi lesquels, certainement, le frère de Jean Cottereau, pour les recruter. Le 15 août 1792, le recrutement de soldats par tirage au sort pour faire la guerre aux frontières tournent à l'émeute à Saint-Ouën-des-Toits. Les gardes nationaux, pour tenter d'imposer les vues révolutionnaires, pillent les châteaux, défendus par les paysans. En septembre 1792, une bataille a lieu entre les gardes nationaux du Bourgneuf-la-Forêt et les Chouans (closiers pour la plupart) rassemblés autour de Jean Chouan, exaspérés par les actes de gardes nationaux. Les chouans remportent la bataille : c'est le début de la chouannerie, qui s'intensifiera bientôt, avec la mort de Louis XVI et le vote de la conscription.
Le 21 septembre 1792, la République est proclamée. Le 21 janvier suivant, après jugement à charge de la Convention Nationale, le Roi Louis XVI est guillotiné sur la place de la Révolution à Paris (anciennement place Louis XV, et actuellement place de la Concorde). Le 23 février 1793, la Convention ordonne la conscription de 300 000 hommes pour faire la guerre contre les pays voisins. C'est cette conscription qui sera l'élément déclencheur de la Guerre de Vendée (batailles de Jallais, Chemillé, Cholet, etc.). En Vendée, les paysans, révoltés, ont appelé des nobles, rompus au combat car anciens officiers pour la plupart, afin de constituer une véritable armée. Parmi ces personnes, on remarque Maurice d'Elbée, le marquis Louis de Lescure (surnommé Saint du Poitou), François-Athanase Charette de la Contrie, le marquis Charles de Bonchamps ainsi que le marquis de la Rochejacquelin. Quant à Jacques Cathelineau, généralissime des armées vendéennes, il était un simple colporteur, très pieux (il fut d'ailleurs surnommé Saint de l'Anjou). Les armées vendéennes, dirigées en partie par les personnes susmentionnées, vont rejoindre les chouans de Mayenne, notamment à partir de l'automne 1793, au moment de la virée de Galerne. La virée de Galerne est une campagne militaire qui a commencé le 17 octobre 1793 lors de la traversée de la Loire provoquée par la défaite vendéenne de Cholet. Les contre-révolutionnaires iront jusqu'à Granville dans l'espoir de trouver des renforts venus d'Angleterre, qui ne sont jamais venus. Lors du retour, les vendéens sont massacrés au Mans le 12 décembre 1793. C'est d'ailleurs lors de cette bataille que la mère de Jean Chouan trouve la mort, écrasée par une charrette. La virée de Galerne prend fin à Savenay, le 23 décembre, où l'armée vendéenne est anéantie. C'est à ce moment-là que la chouannerie monte en puissance. La chouannerie s'organise autour de chefs tels le chevalier Aimé Picquet du Boisguy (né à Fougères), Jean Chouan, Jean-Louis Treton dit Jambe d'Argent (né à Astillé et mort à Quelaines), Jean Bézier dit Moustache (né à Grenoux et mort à Montigné le Brillant), etc. Contrairement à l'armée vendéenne, les Chouans sont majoritairement dirigés par des paysans, épaulés par des membres de l'aristocratie.
Jean Chouan meurt dans le bois de Misedon le 28 juillet 1794, le jour de l'exécution de Robespierre, qui a dirigé la Terreur.
Voici l'éphéméride de la chouannerie mayennaise, extrait du livre "Chouans et patauds en Mayenne 1792-1800", de Gabriel du Pontavice (membre de l'Association du souvenir de la chouannerie mayennaise).
Avril 1792 : Jean Chouan se lève le premier contre la première réquisition.
2 avril 1792 : Guillaume Lemétayer manifeste à Evron contre l'internement des prêtres.
1793 :
Au début de 1794, au retour du Mans :
Mai 1794 : Capture de Louis Moulé de la Raitrie à Saint-Georges-le-Fléchard. Exécuté le 1er juin.
26 juillet 1794 : M. Jacques, Bruneau de la Merouzière est au combat de Gené avec Coquereau.
28 juillet 1794 : Mort de Jean Chouan.
Septembre 1794 : Le Vicomte de Scépeaux confie à M. Jacques le commandement du Bas-Maine. Rendez-vous avec Treton au château du Champfleury.
Vers octobre 1794 : Le chandelier de Pierreville déserte du bataillon de la Montagne et conduit l'attaque d'Entrammes, qui est un échec.
29 septembre 1794 : Treton est blessé au bois de la Chapelle après le combat de l'étang de la Ramée.
28 octobre 1794 : Rassemblement de la Jupellière.
2 décembre 1794 : Attaque de Montsûrs.
11 décembre 1794 : Blessure mortelle de M. Jacques de Daumeray.
11 février 1795 : Décret de la Convention rétablissant la liberté des cultes.
17 février 1795 : Charette signe le traité de la Jaunais.
22 mars 1795 : Assassinat de Perrine Dugué sur la lande de Blandouët.
18 avril 1795 : Les chefs bretons signent la paix de Mabilais.
2 mai 1795 : Stofflet signe à Saint-Florent la paix de la Mabilais.
7 mai 1795 : Conférence et Grand Règlement de Bazougers, arraché par Cormatin aux Chouans du Maine.
11 mai 1795 :
11 juin 1795 : Assassinats par les Bleus à Saint-Denis-d'Anjou, au Buret, à Sablé et à la Vezouzière.
Juin 1795 :
30 juin 1795 : Mort de Coquereau.
21 juillet 1795 :
25 juillet 1795 :
Août-Septembre 1795 : Le Comte d'Artois est à l'île d'Yeu.
Septembre 1795 :
26 octobre 1795 : Mort de Jean-Louis Treton, dit Jambe d'Argent.
Novembre 1795 : Châteauneuf, dit Achille Le Blond, prend le commandement pour M. de Scépeaux.
23 janvier 1796 : Exécution de Lecomte.
1er avril 1796 : M. d'Andigné avec la division de Segré (Ménard) et celle de Craon (Aveline de Narce) livre combat à Bouchamps aux garnisons de Craon et de Cossé.
Avril 1796 : M. de Tercier replace Guillaume Lemétayer dit Rochambeau à la tête de la division de la Chapelle-au-Riboul sur laquelle M. Thiroux de Médavy avait mis la main.
Mai 1796 : Mort de Delière, sous les ordres de Châteauneuf.
17 mars 1796 : Quatre combats de Gaullier qui se terminent devant la ferme d'Epaulefort à Auvers-le-Hamon.
8 mai 1796 : Mort de Taillefer.
Mai 1796 : Combat de Bouère avec Gaullier.
10 mai 1796 : Exécution de M. Martial de Savignac, curé de Vaiges.
1er mai 1796 : M. de Scépeaux sollicite un armistice.
2ème quinzaine de mai 1796 : Soumission de Tercier.
Novembre 1796 : Le comte de Rochecotte reçoit le commandement du Maine, de l'Anjou, du Perche et du Vendômois.
21 mars 1797 : Elections du 21 mars 1797 pour le renouvellement du premier tiers du Corps Législatif et des Cinq Cents où la désignation des députés royalistes conduit le Comité de Paris à espérer une restauration légale.
Coup d'Etat du 18 Fructidor An VI.
Novembre 1797 : Gaulejac succède à Rochambeau. Il est tué le 1er avril 1799 à Montreuil.
8 juin 1798 : Arrestation de Rochambeau à la Plissonière du Horps. Il est condamné à Tours et fusillé le 28 juillet 1798.
2 mai 1798 : Placenette est fusillé en allant voir sa femme qui venant d'accoucher.
6 septembre 1798 : Arrestation de Le Chandelier de Pierreville au haut de la Grande Rue à Laval. Il s'évade à Bernay.
Fin 1798 : Arrestation de Rochecotte à Paris. Désignation du Comte de Bourmont.
2 juin 1799 : Charles Harnois dit Mousqueton est assassiné à Parné.
16 mai 1799 : Exécution de Millières à Morannes par Saint-Martin.
Juin 1799 : Exécution de Maguin au Mans par la Volvenne.
31 juin 1799 : Exécution de Choltière à Ballée.
15 août 1799 :
27 septembre 1799 : Attaque infructueuse de Cossé par M. d'Andigné.
1er octobre 1799 : Combat de Louverné.
5 octobre 1799 : Retour à Cossé de M. d'Andigné.
15 octobre 1799 :
20 octobre 1799 : Attaque manquée de Ballée.
19 octobre 1799 : Coup de main de Limoëlan et du marquis de Ménard sur Meslay.
9-10 novembre 1799 : Coup d'Etat de Brumaire.
24 novembre 1799 : Suspension d'armes signée par M. de Bourmont.
26 novembre 1799 : Suspension d'armes signée par M. de Frotté.
4 décembre 1799 : Suspension d'armes de M. de la Prévalayce.
10 décembre 1799 : Suspension d'armes de Georges Cadoudal.
8 janvier 1800 : Reprise des négociations à Candé.
18-20 janvier 1800 : M. d'Autichamp et M. de Châtillon traitent.
23 janvier 1800 : Combat de Meslay où le chevalier de la Volbenne trouve la mort.
4 février 1800 : Bourmont signe la paix.
1804 : Mérille, Louis Picot, Raoul Gaillard et Deville sont condamnés et exécutés.
23 mai 1832 :
Nuit du 24 mai 1832 : Au château de la Barre où est rassemblé le bataillon de Guitter.
Journée du 24 mai 1832 : Gaullier avec le bataillon Guitter rejoint celui de Julien Morin à Cossé-en-Champagne.
Journée et nuit du 25 mai 1832 : Au château de la Vezouzière.
Journée du 26 mai 1832 :
Nuit du 26 mai 1832 : A Bouère.
27 mai 1832 : Au château des Arcis pour retrouver M. de Pignerolles.
28 mai 1832 : Au château de la Jupellière où rejoignent le commandant Leroy et les hommes, qui ont combattu à Chasnay.
29 mai 1832 : Avessé, puis le château de Varennes-l'Enfant où est effectué le licenciement.
Texte de l'acte de baptême :
Aujourd huy trente un d'octobre mil sept cent cinquante sept a été baptisé par nous vicaire de cette Paroisse Soussigné Jean né du jour d'hier fils issu du légitime mariage de Pierre Cotereau sabottier et de Jeanne Moyné son Epouse, ont été Parrein Pierre Lamy Cousin de l'Enfant et mareinne Marie Crouillebois coussinne dudit Enfant laquelle a Signé avec nous avec le Pere dudit Enfant et autres presens a la Ceremonie et a ledit Parrein declaré ne Sçavoir Signer Enquis.
Signé : P. Cottereau, Marie Croulbois, J Le Bourdais, M. Gallot ptre (prêtre de la paroisse de Saint-Berthevin)