Roi de France de 1643 à 1715
Louis XIV, né le 5 septembre 1638 à Saint-Germain-en-Laye et mort le 1er septembre 1715 au château de Versailles, a été roi de France de 1643 à 1715, soit pendant 72 ans : c'est le règne le plus long de l'histoire de France. C'est le troisième roi de la dynastie des Bourbon, qui gouverne la France depuis le roi Henri IV, en 1589. Il est le fils de Louis XIII, roi de France de 1610 à 1643, et d'Anne d'Autriche, fille du roi Philippe III d'Espagne et de Marguerite d'Autriche.
Louis XIV a seulement quatre ans et demi lorsqu'il monte sur le trône, à la mort de son père, le 14 mai 1643. La régence est assurée par sa mère Anne d'Autriche, aidée du cardinal Mazarin, ministre principal jusqu'en 1661 et parrain de Louis XIV. En 1646, Mazarin reçoit la responsabilité de l'éducation de Louis, et le maréchal de Villeroy est nommé gouverneur de Louis XIV. Le jeune roi montre un intérêt particulier pour l'architecture, la musique et la danse. Comme nous le verrons par la suite, ces disciplines marqueront son règne avec, notamment, la construction du château de Versailles et la promotion d'artistes comme Lully ou Molière.
Au début de la guerre de Trente ans, en 1630, la France de Louis XIII et de Richelieu soutient financièrement les Protestants et la Suède, qui combattent le Saint-Empire et l'Espagne. Suite à la bataille de Nördlingen perdue par la Suède en 1634, la France décide d'attaquer les Pays-Bas espagnols. En 1643 a lieu la célèbre bataille de Rocroi, gagnée par la France. La guerre de Trente ans prend fin en 1648, avec la signature du traité de Westphalie, sans toutefois mettre un terme à la guerre franco-espagnole qui se terminera en 1659 par le traité des Pyrénées.
Les dépenses engendrées par la guerre de Trente ans ont fortement augmenté la pression fiscale. En effet, après la mort de Louis XIII, le cardinal Mazarin et son contrôleur général des finances Michel Particelli d'Emery décident une série d'augmentation des impôts : l'édit de Toisé en 1644 oblige les propriétaires d'immeubles des faubourgs parisiens construits sans permis à s'acquitter d'une taxe. Face au mécontentement, cet édit n'est plus appliqué à partir de 1645. La taxe des Aisés met à contribution, comme son nom l'indique, les plus aisés du royaume, à l'exception des membres du parlement de Paris et des bourgeois de la capitale. Enfin, l'édit du tarif tentera de taxer les marchandises entrant dans Paris (elles proviennent essentiellement des terres des bourgeois parisiens). Cet édit ne sera jamais appliqué, mais sera un des symboles de mécontentement durant la Fronde. Avec les nouveaux édits fiscaux de 1648, qui taxent les gens de robes et de biens qui, jusqu'alors, ne payaient que très peu d'impôts, le mécontentement des parisiens prend de l'ampleur.
Parallèlement à la levée (ou aux tentatives de levées) de nouveaux impôts, le Gouvernement décide de créer de nouveaux offices, afin que ceux-ci soient achetés et procurent une nouvelle rentrée d'argent. De plus, les revenus liés à ces charges sont suspendus plusieurs années, ce qui mécontente fortement les gens de robes.
Enfin, le pouvoir de Mazarin, ministre tout puissant durant les années de régence, n'est pas accepté par une partie des grands du royaume, au premier rang desquels se trouvent des membres de la famille royale (Gaston d'Orléans, oncle de Louis XIV, le grand Condé, etc.) et des ambitieux, tel le cardinal de Retz, Jean-François Paul de Gondi.
Le début de la Fronde est marqué par la journée des barricades (26 août 1648), durant laquelle le roi est contraint de quitter Paris. Il quittera la ville une deuxième fois, avant de retrouver l'allégeance de Paris au terme d'un siège de plusieurs mois. En 1650 débute la Fronde des princes qui veulent renverser le cardinal Mazarin, obligé de s'exiler temporairement. De nombreux princes sont arrêtés, tandis que le prince de Condé lève une armée en province pour marcher sur Paris. Cependant, la majorité de Louis XIV (alors fixée à 13 ans), les horreurs et la lassitude de la guerre ainsi que l'arrestation de l'ambitieux Gondi, rendent impopulaire la Fronde, qui s'estompe peu à peu. Durant tout son règne, Louis XIV sera marqué par cette Fronde des grands du royaume envers le pouvoir royal : c'est une des raisons de l'absolutisme de son règne. Il divisera les puissants pour mieux régner, et maria ses enfants bâtards avec les membres des branches cadettes des Bourbon pour, d'une part, leur assurer une place importante à la Cour et, d'autre part, affaiblir les branches cadettes.
Louis XIV est sacré roi de France le 7 juin 1654 en la cathédrale de Reims, juste après la Fronde (1648-1653). A la mort de Mazarin, le 9 mars 1661, Louis XIV décide de gouverner seul, sans “Premier Ministre” : il devient un monarque absolu. Le 5 septembre 1661, Louis XIV ordonne l'arrestation du très riche et puissant surintendant des finances Nicolas Fouquet. Ce dernier a fait construire le château de Vaux-le-Vicomte, qui servira de modèle pour la construction du château de Versailles (de nombreux artisans comme Le Nôtre et Le Vau seront repris par Louis XIV). Quatre ans plus tard, Jean-Baptiste Colbert, qui a contribué à la chute de son rival Fouquet, remplace ce dernier au poste de contrôleur général des finances, jusqu'en 1683.
Louis XIV centralise et modernise l'administration du Royaume. Le pouvoir des gouverneurs des provinces diminuent. De plus, le début de son règne personnel est marqué par une période de paix, qui favorise l'embellie des finances publiques.
Très vite, Louis XIV veut imposer la puissance du Royaume de France en Europe, et plus particulièrement contrer la famille des Habsbourg qui règne sur l'Espagne (qui possède les Pays-Bas) et l'Autriche. Pour cela, il utilise la diplomatie, les unions dynastiques et également la force. Comme dit précédemment, à la fin de la guerre de Trente Ans, la France soutient les protestants contre les Habsbourg. Durant la Fronde, moment de faiblesse du pouvoir monarchique, les Espagnols soutiennent les princes frondeurs, tels Louis II de Bourbon-Condé. A la suite de plusieurs défaites, l'Espagne signe le traité des Pyrénées en 1659. Dans cette même logique de paix, le mariage entre Louis XIV et Marie-Thérèse, fille du roi Philippe IV d'Espagne, est scellé. Suite à la mort de Philippe IV en septembre 1665, Louis XIV entend bien mettre en avant les origines espagnoles de son épouse pour réclamer des villes en Flandre espagnole, situées à la frontière française : c'est la guerre de Dévolution, qui dura du 24 mai 1667 au 4 mai 1668. Ainsi le royaume de France récupère, entre autres, Douai, Lille et Courtrai.
A partir de 1672, Louis XIV rompt les alliances avec les puissances protestantes. En effet, Louis XIV attaque les Provinces Unies : c'est la guerre de Hollande (1672-1678), qui finira avec le traité de Nimègue. C'est durant cette guerre que Louis XIV prend la Franche-Comté à l'Espagne. En 1686 se met en place la ligue d'Augsbourg, c'est-à-dire une alliance des principales puissances européennes contre la France qui soutient notamment la princesse Palatine lors de la succession de l'électeur Palatin (1685) et le roi catholique Jacques II, lorsque les troupes de Guillaume III débarquèrent en Grande-Bretagne. De 1688 à 1697, a lieu la guerre de la Ligue d'Augsbourg, qui prend fin avec le traité de Ryswick qui confirme, notamment, l'annexion par la France d'une majeure partie de l'Alsace.
A la fin de son règne, Louis XIV s'engage dans la Guerre de Succession d'Espagne (1701-1713). En effet, lorsque Charles II de Habsbourg, roi d'Espagne, meurt sans héritier, Louis XIV souhaite installer un membre de sa famille sur le trône espagnol, et ainsi contrer la puissance des Habsbourg. A cette fin, Louis XIV se réconcilie avec le pape en renonçant au gallicanisme (qui prône une organisation du Clergé très autonome par rapport au pape). Cette guerre ruineuse se termine par le traité d'Utrecht (1713) et par celui de Rastadt (1714). Par le traité d'Utrecht, le petit-fils de Louis XIV est confirmé roi d'Espagne. Il régnera sous le nom de Philippe V.
Par ces nombreuses guerres (guerres de Dévolution (1667-1668), de Hollande (1672-1678), des Réunions (1683-1684), de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697) et de succession d'Espagne (1701-1713)), très coûteuses, le territoire du Royaume de France s'est considérablement agrandit avec l'annexion, notamment de Metz, Toul, Verdun, Cambrai, la Franche-Comté, la Sarre, l'Artois et une grande partie de l'Alsace. Sur le point de mourir, Louis XIV dira à son successeur, le futur Louis XV, qu'il “a trop aimé la guerre”. Le règne de Louis XV début sous la régence de Philippe d'Orléans.
Dès le début du règne, et à des fins purement politiques, Louis XIV et Mazarin s'allient aux protestants (la Suède notamment) pour lutter contre la puissance espagnole. Sur le plan intérieur, des décisions sont prises contre le parti dévot (fidèle au pape) au profit du gallicanisme qui est une doctrine selon laquelle l'Eglise catholique de France doit être très autonome par rapport au pape. A partir de 1660-1661, Louis XIV décide de supprimer le jansénisme en faisant signer aux ecclésiastiques le formulaire d'Alexandre VII, texte qui condamne cinq propositions de l'ouvrage écrit par Cornelius Jansen, intitulé Augustinus. De 1669 à 1679, un accord est trouvé entre le nouveau pape (Clément IX), le roi de France et les jansénistes : c'est la paix clémentine ou Paix de l'Eglise. Toutefois, lorsque Louis XIV combat l'Autriche aux côtés de l'empire Ottoman, une nouvelle crise avec le pape survient et le gallicanisme revient. En 1685, par l'Edit de Fontainebleau, Louis XIV révoque l'Edit de Nantes (1598), qui laissait une certaine liberté de culte aux protestants. A la fin du XVIIè siècle et au début du XVIIIè siècle, dans le but d'obtenir le soutien du pape durant la guerre de succession d'Espagne (1701-1713), qui oppose la France aux Habsbourg catholiques, Louis XIV se réconcilie avec le pape en mettant fin au gallicanisme, pour un temps seulement. En effet, la bulle du pape Clément XI, pour dénoncer le jansénisme, n'était pas acceptée en France car contraire aux “libertés gallicanes” chères aux évêques. Ainsi, Louis XIV demanda au pape de rédiger une nouvelle bulle aux dispositions accommodantes vis-à-vis des libertés gallicanes : c'est la bulle Unigenitus (1713).
Louis XIV a amélioré ou construit de nombreux monuments, reflets de la puissance du royaume :
Entre 1659 et 1666, il fait construire une nouvelle galerie et des pavillons, rendant ainsi le château des Tuileries symétrique.
A partir de 1664, Louis XIV entreprend l'agrandissement du relais de chasse de Versailles, où Louis XIII se rendait. Il en fait un immense château et sa résidence permanente. En 1682, Louis XIV décide d'y installer sa cour, qui comporte plusieurs milliers de personnes.
A Paris, il construit le pont royal, l'observatoire, aménage la place Vendôme et fait construire l'hôtel des Invalides, où les blessés de guerre sont accueillis.
De plus, Louis XIV fait fortifier de nombreuses villes, afin de défendre le pré carré. Pour cela, il demande à l'ingénieur militaire Sébastien le Pestre, marquis de Vauban, de construire des citadelles (Lille, Besançon, Briançon, etc.).
Durant son règne, les ports commerciaux ou militaires connaissent un véritable essor : c'est le cas des ports de Brest, Toulon, Marseille et Lorient, notamment. Il ouvre le canal du Midi, qui relie la mer Méditerranée à l'océan Atlantique par la ville de Toulouse.
Louis XIV a par ailleurs fondé en 1680 la Comédie française. De nombreux artistes animent les soirées de Versailles, comme Lully, surintendant de la musique ou encore Molière.
Le 9 juin 1660, Louis XIV épouse Marie-Thérèse d'Autriche, fille du roi Philippe IV d'Espagne. Ils ont six enfants. Un seul atteindra l'âge adulte:
Le Grand Dauphin a eu 3 enfants avec Marie-Anne Christine de Bavière :
Par conséquent, Louis XV est l'arrière-petit-fils de Louis XIV.
Louis XIV a également eu de nombreux enfants bâtards :
Avec Louise de la Baume le Blanc, duchesse de la Vallière et de Vaujours (1644-1710), il eut quatre enfants, dont les deux derniers ont été légitimés :
Avec Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan (1640-1707), il eut sept enfants :
Louis XIV a également une fille non reconnue avec Claude de Vin des Œillets (1637-1687) qui s'appelle Louise de Maisonblanche (1676-1718).